Nouvelle: Et si c'était la fin ?

Bonjour, je me présente, je suis... je suis moi. Je n'ai pas vraiment d'autres mots pour me qualifier, celui-là est le plus adapté à mon goût. Pas besoin de me nommer, cela ne sert à rien, car bientôt je ne serai plus de ce monde. Mais avant de partir j'aimerai laisser une trace pour expliquer ce qui m'est arrivé, pourquoi cela m'est arrivé. Chacun vit sa propre expérience et peu s'en souviennent après. Mais avant qu'il ne soit trop tard, je veux dire ce qu’il s'est passé dans ma petite tête.


Je suis quelqu'un de solitaire, toujours dans mon coin, à ne pas faire de vagues sans trop bouger. On pouvait même dire que pour les autres je n'existais pas. Je n'étais pas là, personne ne me voyait ni même me remarquait... Enfin au début j'étais comme ça. Et comme tout le monde, passé une époque, j'ai eu besoin d'attirer l'attention. De dire « Hey, oh, regardez-moi, je suis là, j'existe ! » Dans un premier temps j'ai fait le pitre, fait des grimaces, des trucs marrants quoi. Toujours dans l'espoir qu'on me regarde, mais cela n'a eu aucun effet, je n’avais pas plus d'affection. De plus des cris résonnaient de plus en plus autour de moi. Au début, il y en a eu un seul, un grand cri. Ce fut le premier, mais malheureusement pas le dernier. A intervalles réguliers j'en entendais d'autres. Les mêmes qui me terrifiaient. Est-ce de ma faute ? Je ne sais pas. Quand cela arrivait, je me cachais, je ne voulais pas qu'on me remarque. Dans ces moments-là j'aimais être « invisible » Mais j'ai continué de grandir avec ce mal-être. Les cris que j'entendais avant avaient disparu, mais ils étaient remplacés par d'autres sons que je détestais tout autant. Des grands fracas, des choses qui cognent, accompagnés de petits cris étouffés...

Pendant cette période mon corps changea, je ne me reconnaissais plus. J'étais devenu plus grand, plus fort même. Et certaines parties de mon corps avaient étrangement changé, pour mon plus grand amusement. Mais autour de moi les choses empiraient. Alors j'ai tenté à nouveau de me faire entendre. J'ai commencé à donner des coups dans les murs, je suis devenu de plus en plus violent, bagarreur. C'était ça mon moyen d'expression. Au début ça a plutôt bien marché. On m'apportait plus d'attention, j'en étais heureux. Mais cela a vite dégénéré, je n'en voulais plus, et plus je me battais, plus je perdais l'amour que l'on me portait. Enfin si on m'en portait, je ne sais pas vraiment. Je crois que oui. Mais après une ultime bagarre ce fût fini, on ne voulait plus de moi. C'est là que j'ai commencé à me sentir mal. C'est à partir de ce moment que quelque chose au fond de moi a dégénéré. Je ne sais pas si c'est le bon mot. Je ne sais pas comment le dire autrement. En y réfléchissant, je ne sais pas grand chose... et dans un dernier cri de désespoir le monde a à nouveau changé. Fini la contemplation de moi-même, à présent j'étais plus seul que jamais. Et de plus en plus a l'étroit dans l'endroit où j'étais. Interdiction de bouger de toute façon je ne m'en sentais pas capable. J'ai essayé une fois, mais je n'ai fait que tourner sur moi-même. Rien de plus.

Plus le temps passe et plus ma mobilité se réduit, et cela me terrifie. Il n'y a plus de vacarme autour de moi, seulement des murmures, comme s'il ne voulait pas que je les entende. Je sens au plus profond de moi que c'est fini, bientôt je ne pourrais plus respirer. Mais dans un sens je suis heureux, car maintenant je sens qu'on s'occupe de moi. Ces murmures pour ne pas me déranger, je sais qu'ils sont inquiets. Je crois que eux aussi savent que c'est fini car ils se sont mit à s'agiter. C'est à ce moment que j'ai peur, enfin de compte je ne suis pas si mal dans ce monde, je n'ai pas envie de le quitter, de disparaître ! Non, je ne veux pas. Mais c'est fini... c'est fini, ou n’est-ce que le début ? Après tout, n'y a-t-il pas autre chose après ? Oui, et après ? Qu'est ce qu'il y a après ? Peut-être rien, peut-être tout...

Une douleur intense me parcourut de part en part, l'heure fatidique était arrivée. Sans essayer de combattre je me laissais partir. Alors que quelqu'un hurlait de douleur. Oui quelqu'un hurlait de douleur parce qu'il allait me perdre. En fin de compte quelqu'un voulait de moi. Mais c'est trop tard je quittais ce monde...
Allez encore un effort, vous pouvez le faire vous y êtes presque, allez, allez, allez... Oh et voilà, je le vois c'est un magnifique bébé madame. Poussez encore une fois et tout est fini. Ca y est, il est là le bébé, oh qu'il est mignon. Allez je te donne à ton papa mon bouchon, ça fait longtemps qu'il t'attend tu sais.
C'est mon bébé, c'est... c'est mon fils, NOTRE fils ! Chérie, regarde, regarde c'est un petit garçon. Oh mon amour, comme il est beau. Tiens prends-le, tu le mérites bien.
… Mon bébé, mon tout petit bébé. Je suis si contente, tu vas voir, une fois sorti d'ici on t'emmèneras dans ta maison, une maison construite rien que pour nous.
Ma chérie, comment va-t-on appeler cette petite fripouille qui s'est tant débattue dans ton ventre ?
Néo, nous allons l'appeler Néo.

- Bonjour Néo, prépare-toi à vivre mon fils.


Et après... et après ca continue.